Makiko Furuichi

HAUT LES MAINS ! — Entretien

Léo Bioret :  Face au mur, que se passe-t-il ?

Makiko Furuichi : Je me retrouve au début dans une salle complètement blanche. Je suis libre et j’ai ce désir fort qui me pousse à dessiner quelque chose. Quand je me lance, je force un peu mon geste, j’ai très envie de remplir l’espace ! Je me laisse guider par les erreurs. Je rate, j’efface, je recommence, je superpose. Le mur se recouvre petit à petit. Les accidents, les évènements et l’attentefont apparaître la peinture.
Il s’opère un trio entre le mur, l’aquarelle et moi.

En 2019 mon rapport aux murs à changé ainsi que mon rapport à l’oeuvre.
J’ai eu l’impression de me réapproprier la peinture là où l’immersion créé de l’intimité.

Daydreams est un passage permanent entre volumes et éléments peints. Pendant la réalisation de cette pièce j’ai également pu découvrir la lumière naturelle que recevaient les murs, les couleurs changeaient constamment et j’ai insisté sur ces modulations dans le travail d’installation.

Léo Bioret : Montrer la peinture autrement, qu’est ce que ça veut dire ?

Makiko Furuichi : Ça signifie, entrer dans la peinture, sortir de l’objet du tableau, être dans le ressentit plutôt que le simple regard.Je voulais utiliser les éléments picturaux comme supports pour amener d’autres matières comme le tissu et la plaque de plâtre cassée et sur lesquels je n’ai pas utilisé les mêmes techniques. Cette différence de rendu et de matière apporte un premier volume à la peinture. J’ai aussi disposé des dessins encadrés qui ponctuaient des arrêts sur la fresque. J’ai profité de la voûte pour dessiner jusqu’à la limite courbée entre le mur et le plafond ce qui a donné un effet de plongeon dans la peinture encore plus fort. Cela change totalement ma façon de montrer ma peinture en réfléchissant à l’espace et à la superposition des plans d’une toile accrochée à la profondeur entre la cimaise principale et le hors champ jusqu’au plafond. J’aime bien le fait que l’on puisse commencer à n’importe quel endroit dans la peinture donc je n’ai pas défini les choses précisément. Je veux être dans l’imagination plus que dans la narration. J’ai dispersé dans cette réalisation, des personnages qui interpellent, déstabilisent et suscitent la réflexion. Dans la profusion de couleurs et de formes j’ai intégré, peint et dissimulé de nouveaux éléments cachés qui se découvrent au fur et à mesure du mouvement de la peinture et je trouve cela intéressant.