885

collectif BLAST — Texte d’exposition, 2016

Arthur Chiron & Marine Semeria

vue de l’exposition 885, Arthur Chiron, Marie Semeria, BLAST, Angers

Marine Semeria et Arthur Chiron gravitent autour d’un nombre, 885. Une unité correspondant à la somme des valeurs des sept billets d’euros. Ils réunissent leurs réflexions et leurs pratiques autour d’un protocole d’exposition au caractère installatoire et décliné. Deux approches financières et plastiques qui «mettent en lumière» par révélation et soustraction, un travail en dyptique où chaque billet se retrouve éclaté, par sa couleur, ses dimensions et ses intentions graphiques. 885, sept architectures fictives, représentatives d’une époque, reproduites par Arthur Chiron ; mettent en avant l’absurdité de la hiérarchisation de l’euro par le choix de symboles architecturaux factices. Une chronologie s’établie parallèlement entre la valeur d’un côté et l’ordre historique de l’autre. Une relation de force s’installe alors entre les styles, lorsque l’architecture moderne est assignée au billet de 500 et que le style gothique est dévalué à 20 euros.

Arthur Chiron efface toute dimension gradée en produisant ses pièces à valeur égale. 885 est divisé par sept pour arriver à un coût de production de 126,43 euros. L’échelle des réalisations produites en stéréolithographie, est déterminée par le coût de la matière première.

Marine Semeria, fonde sa propre collection de billets vierges, Blanchiment, où le repère monétaire, n’existe plus que par la révélation de l’hologramme de certification d’authenticité. Ce procédé de blanchiment sérigraphique est présenté encadré sur des plaques d’aluminium. L’artiste toulousaine présente également, 500 euros, une matrice de 50 000 pièces d’un centime assemblées au sol. Cet agrandissement homothétique au billet violet, questionne les rapports d’équivalence mais aussi la circulation d’une valeur papier qui échappe complètement à notre utilisation quotidienne de la monnaie fiduciaire. Un billet de 500 euros coûte moins cher à la production qu’une pièce d’un centime d’euro. Un interstice de logique financière qui n’échappe pas à l’artiste qui cherche sans cesse à se l’approprier.

Autour d’une conception graphique, intitulée Faussaire et déclinée spécialement pour le carton de l’exposition, les artistes ont définis un billet et sa couleur moyenne. L’architecture représentée est bien réelle, la façade du lieu d’exposition, le Pad, s’illustre sur le billet de 885 euros. La création d’une nouvelle valeur papier apparaît et un principe d’illusion est mis en oeuvre autour de ce nouveau (faux) billet. L’exposition 885, s’attarde à suggérer et décrypter un dessein commun à Arthur Chiron et Marine Semeria ; une certaine « impertinence généreuse », dévoilant l’esthétisme du champ monétaire européen par le bousculement, les manipulations symboliques et l’affranchissement des rapports de valeurs.